Etaples : Bagdad Ghezal remet les pendules à l’heure 

PAR ANTHONY BERTELOOT
montreuil@lavoixdunord.fr 

« Je suis un homme de terrain », tient à rappeler Bagdad Ghezal qui prône « un rassemblement de tous » au moment où la candidature d’Antoine de Rocquigny pour mener la liste de gauche a été annoncée. Ce dernier, qui possède une résidence secondaire dans la cité des pêcheurs et travaille dans la région lilloise, pourrait malgré tout souffrir d’un déficit de popularité le jour J malgré des racines étaploises revendiquées haut et fort. C’est cette faille que Bagdad Ghezal souhaite exploiter, évoquant une « complémentarité » à jouer avec celui qui pourrait guider la liste de gauche : « L’union de la gauche sera privilégiée avec l’ouverture habituelle à Étaples », explique le militant étaplois. Une union qu’il faudra concrétiser avec Pascal Thiébaux, premier adjoint de tendance communiste, et pas forcément convaincu non plus par la tournure des événements.Rassemblement
Côté PS, Daniel Vandembroucq, le « lieutenant » de Marcel Guerville, et Jean-Bernard Cyffers appuient la candidature de Rocquigny : « Je ne ponds jamais un projet seul, je suis un homme de rassemblement », plaide Ghezal, le créateur de l’espace Regain, comme pour pointer le choix pour lequel il estime n’avoir pas été consulté.
Ceci dit, Bagdad Ghezal, 51 ans, père de trois enfants, s’estime plus que jamais légitime dans une liste de gauche rassemblant Thiébaux et de Rocquigny : « J’ai été élu secrétaire de la section à 94 % en 2001, à une époque où elle était moribonde. Aujourd’hui, nous sommes 70 cartés, plus une trentaine de sympathisants. » Un aspect dont il faudra tenir compte, selon lui : « Antoine de Rocquigny a fait HEC et l’ENA, explique-t-il. Moi, je connais le terrain. Nous sommes complémentaires. » •

De Rocquigny ou Ghezal ? le PS étaplois doit choisir 

Qui sera la tête de la liste socialiste aux élections municipales à Étaples en mars ? Antoine de Rocquigny est soutenu par les ténors locaux du parti. Mais il faut aussi compter sur Bagdad Ghezal qui a aurait avec lui un grand nombre de militants. Une assemblée générale est prévue mardi soir. Et une primaire le jeudi 15 novembre.

Deux hommes ont déposé leur candidature à la candidature pour mener la liste socialiste aux élections municipales à Étaples : Antoine de Rocquigny et Bagdad Ghezal.
Le premier nommé ne semblait pas avoir de concurrent, soutenu qu’il est par ceux qui auraient aussi pu briguer la mairie, à savoir Daniel Vandembroucq et Jean-Bernard Cyffers. Il a, qui plus est, les appuis non négligeables de Marcel Guerville et de Vincent Léna, qui est en quelque sorte le patron du PS dans la circonscription.
Mais c’était oublié un peu vite Bagdad Ghezal. Le secrétaire de la section étaploise du parti a aussi déposé sa candidature. De par cette fonction, ce dernier aurait de nombreux soutiens parmi les militants. Une assemblée générale est prévue mardi soir, où chacun des candidats aura l’occasion de s’exprimer. Ensuite, la section choisira son candidat le 15 novembre. Enfin, le conseil fédéral validera (ou non) le verdict.
Bref, il faut aux socialistes manoeuvrer avec délicatesse s’ils veulent garder « Étaples ». Pour cela, des échanges devraient encore avoir lieu d’ici le 15 novembre. Des sondages (à l’initiative du PS ?) sont même effectués ces jours-ci auprès de certains foyers étaplois à propos de l’identité du futur maire.
L’un ou l’autre des candidats peut-il se retirer de la course d’ici là ? On imagine mal Antoine de Rocquigny en arriver là. Quant à Bagdad Ghezal ?
Mystère. En fait, ce dernier déplore surtout la façon dont le candidat De Rocquigny a été présenté. Pour être encore plus clair, le chef de la section étaploise apprécie peu d’avoir été mis à l’écart sur ce coup-là.
De son côté, Pascal Thiébaux dit attendre que « les socialistes trouvent un terrain d’entente ». « J’ai rencontré Antoine de Rocquigny. Maintenant, il faut que je sache avec qui je dois discuter. En attendant, je continue de consulter assez largement », déclare le premier adjoint, qui ne cache pas cependant qu’il « serait préférable de trouver un accord avec le PS ». •

VALÉRY DUHAUT

[La Voix du Nord 14/11 à 9:45]

- Pourquoi intervenez-vous en faveur de Bagdad Ghezal ? « Je connais Bagdad depuis plusieurs années, c’est tout sauf quelqu’un d’impatient, il a su attendre son tour. Lire aussi :
>> L’enjeu de la diversité des têtes de listes socialistes aux municipales agite les débats… jusqu’à Étaples

Il a 53 ans, trois enfants, une légitimité de terrain, un ancrage certain. Il subit un tir de barrage qui révèle un problème profond. S’appeler Bagdad est un handicap : il faut dire “stop, ça suffit !” Il faut revenir à la notion d’égalité, de respect, ce sont les valeurs du PS. »

- Que revendique-il ?
« Il revendique très clairement la tête de liste, être devant pour défendre les valeurs d’Étaples en dehors du collage des affiches et de la distribution de tracts. Il est fidèle, il a su avaler des couleuvres. À cause de son origine, il n’aurait jamais le droit d’avoir sa chance ? »

- Il serait victime de considérations ethniques et non politiques ?
« La discrimination est un des grands éléments du débat sur la représentation. Là, on lui oppose un énarque à particule, qui a une résidence secondaire dans la ville. C’est un cas extrêmement exemplaire de la manière dont fonctionne le Parti socialiste. Vincent Léna porte une responsabilité claire. À Paris, il tient des leçons avec un lyrisme de gauche, pour ensuite manipuler les gens sur les questions de la diversité et avoir des pratiques pas dignes. On est dans une totale hypocrisie. »

- Pourquoi un tel règlement de comptes ?
« Je n’ai pas de conflit particulier avec Vincent Léna. Je suis un homme libre, j’ai rejoint le PS à sa direction nationale
après le 21 avril 2002 ; depuis, rien n’a changé. Ce qui se passe à Étaples est l’archétype des pratiques qu’on retrouve dans d’autres régions. »

- Et si Antoine de Rocquigny est préféré par les socialistes étaplois ?
« Si la fédération du Pas-de- Calais avalise la mise à l’écart de Bagdad Ghezal, il faut s’attendre à une contestation générale. Ce n’est pas possible que par une magouille d’appareil, on essaye de l’écarter. Il prend des risques, rompt l’omerta. Il mérite d’être soutenu. Des gens au niveau du parti le défendront. Ce n’est pas une simple histoire locale ; quelque part, c’est symptomatique de la maladie profonde du PS. »

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT BOUCHER

15ème commentaire

Quel est le poids des militants d’une section qui ont choisi par un vote leur candidat ; Bagdad Ghezal ?

Quel crédibilité notre parti peut -il avoir avec ce mode de fonctionnement et de telles pratiques ?

C’est particuliérement scandaleux de perdurer dans cet archaisme politique qui pénalise le militant qui se présente, les militants de la section et les électeurs.

Bernard Patin, secrétaire de la section PS de 59510 HEM

L’enjeu de la diversité des têtes de listes socialistes aux municipales agite les débats… jusqu’à Étaples

[La Voix du Nord 14/11 à 10:05]

Demain, la soixantaine de militants étaplois du PS désigneront l’homme en qui ils ont le plus confiance pour briguer la succession de Marcel Guerville en mars 2008. Bagdad Ghezal, secrétaire de la section cantonale, se sent plus « légitime » qu’Antoine de Rocquigny, sollicité pour offrir un profil moins « controversé ».
Bagdad Ghezal affiche l’assurance de « passer » tout en exprimant sa crainte d’être « mis à l’écart ». Toute l’ambiguïté du militant associatif de la Pierre Trouée est là. « Au départ, je ne demandais pas la tête de liste, je voulais être présent en position éligible. »

Mais quand le secrétaire de la section socialiste cantonale, élu en 2003, a décelé des réticences à son égard, il s’est raidi. Du coup, il réclame la tête de liste. « Des comportements ne m’ont pas plu, et puis je me considère comme légitime. Quand des problèmes sont survenus au conseil municipal, c’est moi qui ai pacifié la situation. J’ai éteint le feu dans la maison. »

Problème, Bagdad Ghezal ne fait pas l’unanimité. « Personnage controversé », « pas organisé », « abrupt », dit-on de lui. « Ce sont des raisons fallacieuses qui n’ont rien à voir avec la politique », répond-il.

« Pas comme dans une banlieue »

S’il ne se présente pas comme le représentant des minorités ethniques, Malek Boutih le fait pour lui en dénonçant une « discrimination raciale » touchant l’Étaplois d’origine algérienne. Au passage, le secrétaire national du PS chargé des questions de société critique vertement Vincent Léna ( lire ci-dessous). « Je ne comprend pas cette intervention, réagit l’intéressé. Pourquoi, et au nom de quoi, intervient-il ? Est-il déjà venu à Étaples ? Je l’invite à venir voir qu’on n’est pas comme dans une banlieue ou dans une grande ville. Laisser planer un soupçon de discrimination n’a pas de sens. »

Également visé, Antoine de Rocquigny se positionne avec une sérénité apparente face à Bagdad Ghezal. « Sa candidature à la candidature est légitime, la mienne aussi. C’est normal qu’il y ait un débat au sein de la section. » Les militants présents à une réunion la semaine dernière ont écouté les deux candidats présenter leurs arguments. « J’ai dit pourquoi je me sentais plus à même de gagner l’élection et diriger une ville comme Étaples pendant six ans », rapporte le directeur régional adjoint de la SNCF.

Pour Antoine de Rocquigny aussi, l’intervention de Malek Boutih est « soit prématurée, soit maladroite. Je récuse avec force l’argument de racisme me concernant. Quant à la question de la diversité, il y a des endroits de France où elle est plus importante qu’à Étaples. » •

LAURENT BOUCHER

François Hollande a considéré que "la présence des socialistes issus des quartiers est un atout, une chance pour gagner les élections" et "non un boulet, une contrainte". Pour lui, le PS a "fait des progrès", c'est "un résultat tout à fait honorable, mais il y aura "d'autres étapes". A Etaples (Pas-de-Calais), où la fédération a écarté Bagdad Ghezal élu par la section locale, "nous rappellerons le respect du vote des militants comme partout ailleurs", a-t-il indiqué. (extrait de: AFP, Le PS promeut la diversité aux municipales, 15/12/2007 18h09)

The Etaples PS section held a primary vote and Ghezal trounced de Rocquigny du Fayel 3-to-1. But the regional leadership annulled the result, saying the loser was “more credible” as a candidate. “Why would de Rocquigny du Fayel, who does not live in Etaples, be better than Bagdad who has been an activist here for the past 10 years?” Ghezal asked (Europe 1 audio in French here). “This is clearly discrimination.”

Socialist Party leaders met in Paris on Saturday to approve lists of candidates for the municipal elections around the country in March. These opposition Socialists would like to turn them into a setback for conservative President Nicolas Sarkozy. They like to say they respect diversité — the politically correct way of referring to promoting candidates of immigrant backgrounds. So the resistance by the Pas-de-Calais regional PS leadership was an embarrassment and the national leadership told the regional barons they must respect the vote of the Etaples local section.

The PS has a problem here, though. It did little to promote minorities to important and visible jobs on the national level when it last held power in Paris. By contrast, Sarkozy has given top-level posts to three women of immigrant origin and has defended them against some rough criticism. They are Justice Minister Rachida Dati and Secretary of State for Urban Policy Fadela Amara (both French-born, of Moroccan and Algerian origin respectively) and Secretary of State for Human Rights Rama Yade (a naturalised citizen born in Senegal).

As it now stands, the regional PS barons are resisting the pressure from the national leadership and going ahead with the candidacy of de Rocquigny du Fayel. As one article put it in its headline, “Being named Bagdad is a handicap.”

Religion plays no part in this story, but Ghezal’s Arab background probably does. Even larger looms the fact that French politics is dominated by a “classe politique” that is notoriously wary of outsiders. Women also suffer from this; France is far behind its European neighbours in the percentage of women in parliament, which women blame on the fact that they — like Bagdad Ghezal — often fail to get nominated by the party barons who control the process. According to the left-wing daily Libération, de Rocquigny du Fayel enjoys solid support form a leading énarque in the regional PS hierarchy.

22.01.2008

Au PS à Etaples: 1-0 dans le match magouille contre démocratie

Par Patrick Lozès du CRAN

Connaissez-vous Bagdad Ghezal? C’est depuis 2000, le Secrétaire de la section PS d’Etaples-sur-Mer, (charmant port de pêche près de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-calais).

Bagdad Ghezal  a été élu à une très large majorité par les militants d’Etaples pour conduire la liste PS lors des prochaines municipales.

Mais voilà, le PS départemental dirigé par Serge Janquin, ne l’entend pas de cette oreille!

Pensant peut-être que les Etaplois ne peuvent élire un maire nommé Ghezal (une méfiance que dément pourtant le vote des militants), il intrigue et tente au mépris du vote, d’imposer comme candidat « officiel », un énarque devenu membre du PS depuis peu et qui lui, ne trouve rien de mieux à dire que d’évoquer "l'animosité" que susciterait, M. Ghezal.

Suites au Bureau Fédéral à Etaples

Le bureau fédéral s’est réuni à Arras le 28 janvier 2008 pour examiner la situation à Etaples.

 La date de la réunion ayant été contestée, Bruno Le Roux a pris d’autres engagements mais il avait confirmé la position du Secrétariat National arrêtée sous la présidence de Stéphane Le Foll, à savoir rassemblement des Socialistes derrière Antoine De Rocquigny et Bagdad GHEZAL, 7^ème sur la liste.

 Après deux heures de débats consacrés aux reproches mutuels sur le passé, le Premier Secrétaire a proposé qu’on prenne acte de ces divergences mais pour l’échéance municipale, les Socialistes devaient se rassembler sur la directive nationale.

 Appelé à se prononcer, Bagdad GHEZAL a d’abord prononcé un « non » sans le commenter ; de leur côté, Marcel GUERVILLE, ses anciens colistiers ont indiqué qu’il leur était impossible d’accepter cet accord.

Bagdad GHEZAL a alors repris la parole pour dire qu’il était d’accord sur le principe mais pas sur la proposition nationale, ce qui revient à la rejeter.

 Force a été, pour le Premier Secrétaire, de constater le désaccord persistant et de laisser aux deux parties un délai ultime jusqu’au Secrétariat National suivant, pour lui communiquer la position définitive des uns et des autres.

 La réunion locale n’a pas eu lieu et l’accord ne s’est pas fait.

 Dans ces conditions, la seule issue qui demeure, si les uns et les autres savent la préserver, c’est une concurrence loyale au 1^er tour et le rassemblement au second tour sur la base des résultats électoraux.

  François HOLLANDE et Bruno LE ROUX, consultés, en ont convenu, ni les responsables nationaux, ni les responsables fédéraux ne prendront part à la campagne d’Etaples.