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La participation politique des allochtones en Belgique
Les Musulmans de Belgique (aspects religieux)

 

Les imams de Belgique bientôt salariés

 

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=197788

financement revu

Imams salariés
R.C.

La Libre Belgique Mis en ligne le 17/12/2004
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La loi-programme corrige certains déséquilibres entre les sept cultes reconnus.
Le recrutement des assistants paroissiaux ne sera pas maintenu.
Un budget pour la rémunération des imams en 2005 par l'Etat est dégagé.

La Chambre a adopté jeudi en fin de soirée la loi-programme. Celle-ci prévoit - entre autre - un budget pour le traitement des imams par l'Etat d'ici 2005.

Mais, elle met également un terme à la polémique sur le statut des assistants paroissiaux. Pour mémoire, par le passé, le ministère de la Justice avait conclu un accord avec le culte catholique pour lui permettre de recruter des assistants paroissiaux afin de faire face à une pénurie de personnel.

Désormais, les 261 assistants en activité continueront à être rétribués et recevront leur pension. Mais, le système ne sera pas perpétué, conformément aux conclusions d'un audit de la Cour des comptes. La Cour a en effet estimé que la rétribution des assistants paroissiaux ne disposait pas de base légale car cette fonction n'est tout simplement pas reprise dans la nomenclature officielle du culte catholique. Le CD&V aura bien tenté de faire passer un amendement qui inverse la tendance au motif que les assistants - c'est-à-dire du personnel laïc - permettent de palier le manque de vocations. La ministre des Cultes, Laurette Onkelinx, aura pour sa part eu a coeur de mettre sur pied d'égalité tous les cultes, mais se dit toutefois prête à discuter d'une éventuelle rétribution du personnel administratif laïc pour peu que tous les cultes puissent être intéressés. Touchés par la crise des vocations, d'autres cultes ont déjà fait savoir leur intérêt pour le recrutement de personnel laïc.

Polycarpe

Dans le même souci de mettre les cultes sur un pied d'égalité, les imams seront également rémunérés en 2005 par l'Etat fédéral. Ils jouiront donc du même traitement que les prêtres, les rabbins ou les délégués laïques.

Sous réserve cependant que d'ici-là les Régions - conformément aux accords de la Saint-Polycarpe qui, en 2001, ont confié la gestion du temporel des cultes aux entités régionales - ai procédé à la reconnaissance des mosquées. Procédure indispensable pour que l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) puisse proposer des imams à la reconnaissance des autorités régionales. En avance sur Bruxelles et la Wallonie, la Flandre procédera à la reconnaissance des mosquées à partir du 1er mars 2005. Une cinquantaine selon les estimations. A la Région bruxelloise, l'on planche actuellement sur un projet d'ordonnance qui pourrait être adopté au cours du 1er trimestre 2005. Par extrapolation, le ministère de la Justice a tablé sur la reconnaissance de 120 mosquées sur l'ensemble du territoire, ce qui induirait la reconnaissance des près de 245 imams. Ces derniers seront rémunérés selon trois catégories qui varient en fonction du nombre de fidèles par mosquées (cf. infographie).

Recrutement

Le culte islamique héritera donc d'une enveloppe de 4,83 millions d'euros pour le paiement des traitements des 245 imams. Ces derniers ne devraient donc plus être livrés à la générosité des fidèles ou encore être recrutés et rémunérés par des Etats étrangers et autre "mains" aussi généreuses que plus ou moins invisibles.

Dans les petites mosquées, l'imam est souvent choisi de manière informelle dans un village du pays d'origine et il dépend de la communauté. Dans les grandes mosquées, c'est souvent un homme ayant reçu une formation théologique. Les imams turcs, par exemple, sont recrutés et rémunérés par l'Etat turc.

 

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=197789

ÉDITORIAL

Imams sans voile

RACHEL CRIVELLARO

La Libre Belgique Mis en ligne le 17/12/2004
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C'est d'abord un acte technique et anticipatif qui a été posé. A partir du moment où la Région flamande a adopté un décret sur la reconnaissance des mosquées, il paraissait normal que la ministre en charge des Cultes, Laurette Onkelinx, débloque un budget en prévision de la rémunération des imams. Le Fédéral conserve, en effet, dans ses attributions le traitement et les pensions des ministres du culte. De tous les cultes. Car, derrière cette gestion prévisionnelle s'esquisse aussi le début d'un rééquilibrage de traitement entre les sept cultes reconnus en Belgique. Depuis sa reconnaissance en 1974, le culte musulman a toujours fait office de parent pauvre, avec des mosquées et des imams organisés de manière anarchique, sans statut officiel et donc privé de la manne étatique. Bien sûr, on est encore loin du compte puisque la Wallonie et la Région bruxelloise doivent encore et toujours s'acquitter de leurs devoirs hérités des accords de la Saint-Polycarpe, soit reconnaître les mosquées. Mais, en suivant l'entité fédérée en avance, le Fédéral a envoyé un signal optimiste à une communauté de 400000 musulmans. En ces temps où l'on avance le seul dialogue interculturel pour faire un sort aux incidents intercommunautaires qui meurtrissent la Belgique, l'annonce d'un budget destiné aux salaires des imams vaut mieux qu'un long discours. Cela suppose aussi qu'à terme -quand les retardataires se seront exécutés- un système plus transparent verra le jour avec des mosquées et des ministres du culte reconnus et dotés d'un financement public. Voilà qui pourrait contribuer à dissiper la méfiance qui entoure encore le culte musulman dès lors que les médias évoquent l'opacité du financement de certaines mosquées et leurs suspicions sur les intentions de certains bailleurs de fonds étrangers. Reste que le financement des imams ne réglera pas tout. La méconnaissance de la réalité locale, voire de la langue, pour certains imams où encore l'expression de prêches au caractère douteux, voire fondamentaliste, pour d'autres, commandent à la communauté musulmane de s'atteler à l'oeuvre de transparence et de tolérance. Soit, la mise en place d'un institut de formation des imams dans le pays où ils seront appelés à exercer.

 

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=197791

Les Flamands ont un décret d'avance
Pierre Gilissen

La Libre Belgique Mis en ligne le 17/12/2004
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Depuis quelques mois, la Flandre a son décret sur le financement des cultes. La mise en pratique se fera encore un peu attendre.

Depuis les accords du Lambermont en 2001, la gestion des cultes est partiellement une compétence régionale. En avance sur le sud du pays, la Région flamande a voté le 5 mai dernier un "Décret sur l'organisation matérielle et le fonctionnement des cultes reconnus". Celui-ci remplace une série de dispositions parfois très anciennes (dont une du 18 germinal an X...) mais vise surtout à organiser, ex nihilo, l'un des sept cultes reconnus: le culte musulman.

Le décret prévoit la création de "communautés musulmanes", dirigées par un comité de cinq membres élus, et chargés de l'entretien et de la conservation des lieux de culte. Ces communautés devraient être chapeautées dans chaque province par des "administrations centrales", pourvues de la personnalité juridique, et chargées notamment de répartir les deniers publics. Pour l'heure, on n'en est pas là. Les arrêtés d'exécution du décret ne devraient être prêts qu'en mars 2005. Or, le 20 mars prochain, un nouvel Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) devrait être élu.

Deux chambres pour un exécutif

C'est Marino Keulen (VLD), qui a hérité du dossier en tant que ministre flamand des Affaires intérieures. Il demande que deux chambres, une flamande et une francophone, soient créées au sein du nouvel Exécutif, de manière à ce qu'il puisse disposer d'un interlocuteur au niveau régional. Il ne plaide pas pour autant pour une suppression de l'organe lui-même, lequel devrait continuer à servir de représentant de la communauté musulmane auprès du Fédéral. En effet, selon la répartition actuelle, les Régions sont compétentes pour agréer les mosquées et désigner les imams; le Fédéral, via le ministère de la Justice, pour verser les traitements de tous les ministres du culte. Pour le ministre flamand, cette répartition des tâches est logique et il n'est pas besoin de régionaliser plus avant.

Mais le principal écueil pourrait venir de l'Exécutif des musulmans lui-même: "Il est vraiment important que cet organe fonctionne bien cette fois-ci. Par le passé, il y a eu trop de problèmes de conflits internes, et il faut aussi que les musulmans flamands y soient correctement représentés.", souligne Marino Keulen. Et pour assurer la crédibilité de l'organe de ce point de vue, il ajoute qu'il faudrait que ceux-ci participent massivement au vote du printemps prochain.

Une fois élu, ce sera à l'Exécutif lui-même de déterminer s'il veut créer des chambres "linguistiques" en son sein. Il devrait ensuite commencer à proposer à l'agréation de la Région des listes de mosquées. Les premières pourraient être reconnues officiellement vers l'automne 2005. Des imams pourraient alors commencer à toucher un traitement de l'Etat fédéral.

Marino Keulen insiste encore sur deux points: sur les six cultes agréés en Belgique, seul le culte musulman ne peut prétendre à aucun subside public, dans l'état actuel des choses. Et d'autre part, la reconnaissance officielle doit aussi être un moyen de contrôler des structures jusqu'ici un peu opaques, et d'endiguer l'extrémisme et le fondamentalisme.

 

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=197792

Des cultes, (encore) un peu plus égaux
CHRISTIAN LAPORTE

La Libre Belgique Mis en ligne le 17/12/2004
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L'égalité des cultes et de la laïcité, un peu plus réelle avec la rémunération des imams.
Mais pour cause de spécificités belges, elle est difficile à réaliser.

ANALYSE

Sans trop avoir l'air d'y toucher, le monde politique relance le débat sur le financement des cultes. Il y a eu, ces jours-ci, des propos désarçonnants et, hélas, pas nécessairement bien documentés de la sénatrice SP.A, Mimount Bousakla... Un ballon d'essai qui est encore loin des grands débats parfois passionnels suscités il y a quelques années par Philippe Maystadt qui, alors qu'il présida temporairement l'ex-PSC, se demanda tout haut s'il ne faudrait pas diriger la Belgique sur la voie de l'impôt philosophiquement dédicacé... On rappellera que si ses déclarations entraînèrent de grosses vagues, la tempête (médiatique) fit rapidement place à un calme étonnant motivé surtout par le fait que toucher au financement des cultes reviendrait à déstabiliser une construction déjà fort fragile.

Mais cela ne signifie nullement qu'il faille maintenir le statu quo pour des siècles et des siècles. La Belgique a quand même connu elle aussi les effets de la sécularisation et a vu son paysage cultuel se modifier sensiblement. Dans le même ordre d'idées, la laïcité a mis des bottes de sept lieues pour rattraper son retard en matière de reconnaissance officielle puis financière mais ce n'était là que justice. D'autant plus que selon moult enquêtes, elle est bel et bien la seconde force philosophique du pays. Ce qui se traduit aujourd'hui par un financement de plus de 18,2 millions d'euros. Voilà que l'on va franchir un pas important dans la reconnaissance du culte musulman national avec la prise en charge du traitement des imams dès 2005. Une décision qui ne fait que régulariser là aussi un trop long déni: le culte musulman est quand même reconnu depuis... trente ans! Mais voilà, il a également fallu près de 25 ans pour qu'il dispose d'un organe chef de culte. Et encore, puisque ce dernier, n'a jamais fonctionné à plein rendement, pour cause de divergences multiples qui vont déboucher sur une nouvelle élection dans les mois à venir. A décharge des pouvoirs législatifs et exécutifs force est de souligner que l'extrême diversité de l'islam belge n'a pas facilité la donne. Car contrairement aux autres cultes, il y a une multitude de chapelles en son sein. Peu ou prou démocratiques ce qui complique encore le rôle des décideurs politiques...

Précisons quand même que ce n'est pas encore fait puisque les arrêtés d'application relèvent désormais des régions qui, à l'exception de la Flandre, ne sont pas très avancées. La loi-programme contient en son sein un autre point qui devrait interpeller la hiérarchie catholique. En effet, Laurette Onkelinx, ministre des Cultes a annoncé que l'Eglise catholique ne pourra plus engager des assistants paroissiaux, pourtant bien utiles en ces temps de rareté des vocations où toutes les communautés paroissiales n'ont pas nécessairement envie d'hériter d'un prêtre polonais ou du tiers-monde, pas toujours très au fait des traditions catholiques belges.

Forte hémorragie des cadres

La ministre de la Justice permettra toutefois aux 261 assistants nommés de mener leur carrière à terme mais il n'y aura plus de nouvelle nomination. Reste à se demander si MmeOnkelinx ne pèche pas contre le principe constitutionnel de la séparation de l'Eglise et de l'Etat en décrétant la fin des assistants paroissiaux. Une décision qui pourrait se comprendre s'il n'y avait pas en même temps une forte hémorragie des cadres cléricaux. Le plus étonnant est que l'Eglise semble accepter cette situation. Elle admet le recrutement d'assistants paroissiaux mais ne veut pas les financer elle-même.

C'est pourquoi, par exemple, qu'à la paroisse de Blocry (Ottignies), c'est la communauté paroissiale elle-même qui en assume la charge.

Une situation qui lui laisse une certaine autonomie mais ce n'est pas une solution à long terme pour toutes les paroisses.

 


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