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Elections musulmanes 2005

10/11/2004 - PJM: Pour un sursaut citoyen des musulmans

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[ndPYL Un brillant texte auquel je souscris à 100%, voilà des gens qui sont capables de s'exprimer avec brio et pertinence tout à la fois, un vrai régal, quel contraste avec le niveau littéraire et intellectuel lamentablement bas de la classe politique belge francophone, toutes origines et tous partis confondus ! J'apprécie aussi énormément le passage "certains journalistes de la presse écrite et télévisée, relayés par des politiques plus balourds qu’eux", je visualise spontanément les plateaux des débats dominicaux vaseux tant à RTL-TVI qu'à la RTBF, en les comparant aux échanges, à fleurets mouchetés ou non, sur celui de la VRT flamande, "De zevende dag" ou "Ter zake" pour ne citer que deux émissions où s'expriment des invités, politiques ou non, de qualité interviewés par des vrais journalistes irrespecteux et maîtres des sujets qu'ils abordent et non par des bateleurs vulgaires (RTL-TVI) ou par des cireurs de bottes incultes (RTBF-La Une).]

Objet: PJM POUR UN SURSAUT CITOYEN
De: "PJM- Abdullah BASTIN" <mjeunesmusulmans@hotmail.com>
Date: Mer, 10 Novembre 2004, 23:14

COMMUNIQUÉ DU PJM

Pour un sursaut citoyen des musulmans

On a tué Théo Van Gogh à Eindhoven. Un meurtre. Un assassinat que le PJM, comme tous les meurtres, comme tous les assassinats, condamne sans appel avec le sentiment chaque fois plus vif, plus prégnant, de l’incommensurable incompréhension qui bétonne dans l’éternité des vies qui n’ont pu se rencontrer que dans des exclusions mutuelles.

Qui comprendra ? Qui voudra comprendre ? Qui, surtout, acceptera de tirer une leçon définitive (une mort les vaut toutes) pour que ce mur aveugle, de chaque côté duquel les hommes se brisent si durement, si stupidement, soit abattu ?

Or, c’est tout l’inverse qui se produit. Ici, comme en Palestine, où un autre est érigé, comme une victoire contre le mal, treize ans après la destruction de celui de Berlin ! Aux limitations communicationnelles de gens blessés par des personnes elles-mêmes blessées (un film dont les souffrances décrites font souffrir pour faire souffrir, sans plus), on impose ici même, en Belgique asphyxiée par ses propres murs séparatistes, un nouveau mur du Mal, un autre mur, de nouvelles limitations, plus étroites encore, qui étoufferont à jamais toute parole, toute expression partagée de ressentiments jamais objectivés. Au meurtre d’un homme répondent les cris de guerre d’une meute politicienne qui semblait n’attendre que cette "occasion" pour sonner l’hallali.

C’était Hervé Hasquin, ministre président de la Communauté française, qui critiquait, en janvier 2004, la proposition Destexhe-Lizin et jugeait publiquement que l’on ferait mieux de s’occuper de la sécurité autour de certaines mosquées qu’il désignait (à la vindicte populaire, disait-on autrefois) comme des foyers du terrorisme.

C’est Patrick Dewael, actuel ministre de l’Intérieur et vice-premier ministre du gouvernement belge, qui instrumentalise scandaleusement l’abominable actualité éditoriale pour damer le pion au Blok (et jouer à sa place le même jeu). Ses petites phrases assassines autant qu’ignares sur les religions (il parlera par après de "cultures") n’ont-elles pas trahi sa pratique ? Dans des déclarations à la presse hollandaise (justement…), le ministre avait affirmé "ne pas pouvoir accepter des religions [l’islam, il va sans dire] qui considèrent la femme comme une catégorie inférieure et qui lui imposent qu'elle se couvre". Mais que connaît-il, ce monsieur, en fait de culture et de religion pour s’exprimer ainsi ? Et qui lui demande de les accepter ? Un Patrick Dewael, qui, voulant récupérer son électorat VLD passé au Blok, fait assurément partie de "ces coquins", comme dit Voltaire, "qui prennent les gens pour des crétins et leur racontent des fables". S‘il faut, effectivement, s’acoquiner aux néo-fascistes, pense-t-il, non sans raison, autant choisir l’original plutôt que la copie !

C’est Mimount Bousakla (une Lizin néerlandophone, sénatrice socialiste comme elle, d’origine marocaine, une Jeanne d’Arc comme le dit avec esprit le quotidien De Morgen, en fait, un dangereux boutefeu qui n’a pas à rétablir sur son trône un roi exilé mais à exiler dans leur propre pays des musulmans privés de tout roi), qui n’hésite pas à exiger la suppression d’un Exécutif déjà réduit à l’état d’épave ! Indignée de ce qu’il n’avait pas appelé les musulmans à manifester "en masse" dans la rue pour dénoncer le meurtre, aux Pays-Bas, de Théo Van Gogh, elle en réclame la tête, comme il y a peu, la ministre Onkelinx, qui, telle une Salomé endiablée, ne tardera pas à se la faire servir sur un plateau d’argent… (Voir "De la tutelle à la mainmise" sur le site du PJM : www.mvjm.be). Or, l’EMB n’a pas à mobiliser la communauté musulmane, non plus qu’à battre sa coulpe, dans cette sordide histoire. Ce n’est pas son rôle, ni sa fonction, qui consistent uniquement à subvenir à ses besoins cultuels (qu’il n’arrive même pas, au reste, à assurer). Il n’a pas, comme les bureaux politiques lui en ont fait prendre, justement, la détestable habitude, à s’humilier davantage que tout autre dans des culpabilisations et des repentances qui ne peuvent en aucun cas lui être imputées.

Alors que le gouvernement ne cesse de reprocher aux musulmans d’importer le conflit israélo-palestinien (qui les touche au cœur même de leurs engagements), voilà que Mimount Bousakla les enjoint de prendre fait et cause pour un évènement tragique, certes, mais totalement extérieur à leurs préoccupations légitimes, et qui ne les concerne nullement dans sa factualité. Le PJM, et la plupart des musulmans de ce pays, accusent madame Bousakla, par contre, de graves négligences dans la défense d’une communauté nationale totalement infériorisée (celle dont elle est issue et qui l’aura grandement aidée à acquérir son fauteuil de sénatrice). Le PJM lui prédit des désaveux électoraux cuisants parfaitement mérités et la mise au banc d’infamie de sa peu estimable personne.

C’est les médias, enfin, last but not least, qui ressassent en permanence les mêmes accusations sommaires et erronées. Un quotidien bruxellois flamand gratifie un des responsables du PJM de représentant de l’islam radical en Belgique et contribue, comme toujours, à en flétrir l’image auprès de ses lecteurs, en le désignant comme un "homme surveillé". Et alors ? S’il l’est, c’est que les musulmans le sont tous, et il est naturel et respectable qu’il soit, en la circonstance, le premier. Tous les musulmans le sont aujourd’hui, d’ailleurs, jusqu’à l’indifférence, jusqu’au ras le bol, jusqu’à de nouvelles incohérences, de nouveaux silences, de nouvelles provocations. De nouveaux meurtres... La pression exercée fait céder les plus fragiles, qui sont en quête d’un emploi, d’un logement, d’une école, d’une reconnaissance religieuse, culturelle, originelle de soi. Elle exaspère les plus résistants. Elle titille même des monarques !

C’est le roi du Maroc "qui doit se prononcer contre l'extrémisme musulman" et montrer clairement que son pays "ne veut pas être un exportateur d'assassins", comme l’a déclaré sur un ton niais autant que désobligeant M. Bolkestein, ancien leader du parti libéral néerlandais. C’est l’Exécutif, on l’a vu, qui doit disparaître totalement ("il aurait dû protester et appeler les musulmans à critiquer en masse cet assassinat, il n’a rien fait" dixit Mimount Bousakla) ou se scinder immédiatement (Meryem Kaçar qui ne veut manifestement pas laisser passer la caravane expéditionnaire sans hurler avec les loups). C’est tous les musulmans, taxés d’intégrisme fondamentaliste qui sont menacés par M. Dewael de sanctions que n’aurait pas osé rêver le Vlaamse Blok (fermetures de sites Internet ou "d'émetteurs radio haineux", interdiction d'accès au territoire national aux imams "radicaux", contrôles des prêches, déchéances de la nationalité…).

Par contre, au PJM, on se pose avec indignation la question de savoir où sont ces politiques qui s’invitent (ou sont invités) dans ces lieux de culte décrétés fondamentalistes, mais qui semblent perdre tout caractère de dangerosité aux approches des élections, les Moureaux, les Daif à Molenbeek, les Picqué à St Gilles ? Où sont les présidents des Ligues islamiques interculturelles, ceux des Unions des Mosquées et Imams, à l’encontre desquels un Hugo Coveliers, candidat à la présidence du VLD, le parti du ministre Verhofstadt, vient à l’instant de décrire les mosquées comme des "bistrots pour drogués" (et donc leurs respectables leaders, comme de dangereux dealers) ? Ceux des associations islamiques et culturelles, les intellectuels imbus de leur savoir, les radios arabes toujours à la recherche d’une estampille de respectabilité ? Où sont-ils les éminents théologiens, les professeurs de religion dévoués, tous ces gens qui se voient traités, parce qu’ils tentent d’enseigner un tant soit peu leur religion, non plus seulement d’intégristes, mais d’intégristes dangereux, de conspirateurs, d’agents dormants du terrorisme dont il faut contrôler les prêches et les cours, les émissions radiophoniques, les propos sur l’Internet, les engagements politiques ? Dont on envisage, c’est une première depuis Vichy qui agissait ainsi avec les Juifs, le retrait de la nationalité ? Où sont-ils ces dignes citoyens qui acceptent pareil traitement, pareilles insultes, pareilles humiliations ? Où sont les élus du peuple ? Où sont tous ces citoyens belges qui restent sans réaction quand on les accuse faussement de prêcher ou de pratiquer un islam "haineux" ? Est-ce ce troupeau bêlant, qui s’apprête à figurer sur la "liste Dewael" avant qu’on lui applique sur le cœur des étoiles vertes pour mieux le surveiller ?

Les vociférations contenues engendrent un silence assourdissant qui ne permet pas à ceux qui se risqueraient à y prêter attention d’en comprendre la teneur. Le PJM entend ces râles. Il peut en décrypter l’insondable expression. Il leur donnera, si Dieu veut, une voix.

Car enfin, quels sont ces foyers du terrorisme dont certains journalistes de la presse écrite et télévisée, relayés par des politiques plus balourds qu’eux, encore, viennent, l’air entendu, nous entretenir régulièrement ? En a-t-on jamais, d’autorité, signalé un dans une mosquée ? Et si c’était le cas, réellement, comment imaginer que ceux qui les dénoncent sans les nommer jamais laissent les fidèles les fréquenter, sans les avertir du danger qu’ils encourent ? Depuis quand, et sur quelles bases, l’idée radicale (qui doit être définie, bien entendu dans des termes juridiques stricts) serait-elle un danger susceptible de condamnation pénale ? Suffit-il d’affirmer (ce qui constitue le summum atteint, soit dit en passant, par des prédicateurs qui sont plus enclin à endormir leur assistance de banalités anesthésiantes qu’à la réveiller dans une conscience islamique et citoyenne de ses responsabilités)… suffit-il, donc, de s’opposer à l’euthanasie, au mariage homosexuel, à l’agression anglo-américaine en Irak, pour être taxé de fondamentaliste dangereux ? De porter un foulard, une barbe, de faire sa prière ?

Pourquoi ne pas aller au fait et dire clairement quel islam est acceptable ? Celui de mesdames Lizin et Bousakla ? Celui de monsieur Dewael ? Si on ne le peut (et on ne le peut pas, bien évidemment, sans inverser l’échelle des valeurs démocratiques et constitutionnelles), qu’on arrête, une fois pour toutes, ces chasses aux sorcières, cette police de la pensée, ce maccartisme de très mauvais aloi, toujours prêts à éveiller les soupçons, à ostraciser une communauté, déjà exclue, chaque fois qu’un évènement crapuleux surgit dans les faits divers d’une actualité qui en est submergée.

Le PJM compte bien jouir de sa liberté de manifester ses convictions religieuses et de sa liberté d’expression démocratique, bref de ses droits fondamentaux garantis par la constitution de ce pays.

Le PJM combat tous les racismes qu’ils soient d’essence antisémite ou islamophobe, en refusant obstinément de privilégier l’un par rapport à l’autre, ce qui réintroduit dans le combat antiraciste, précisément, les ferments redoutables d’un nouveau racisme plus insidieux encore, qui en aveugle plus d’un.

Le PJM combat tous les terrorismes et, pour se faire, il s’attaque à leurs racines que certains, ici même en Belgique, dans le même temps, consolident allègrement dans une pathologie idéologique extrême droitière, sans doute, mais tout autant gauchiste, qui tient tout à la fois d’un obscurantisme farouche, d’une peur irrationnelle, d’une inculture pour le moins indécente. L’extrême droite, sans doute, mais aussi ceux qui prétendent la combattre (qui lui ont donné naissance, à vrai dire). Dewael, bien sûr, et toute sa clique de faux humanistes libéraux et socialistes, sont, après tant d’autres, les responsables inconscients d’un drame qu’ils fomentent à plaisir. C’est eux qui figurent sur sa liste noire au poste peu enviable de dangereux déstabilisateurs de la paix sociale.

10.11.04
JEAN-FRANÇOIS BASTIN ABDULLAH ABU ABDULAZIZ
RACHID ZEGZAOUI
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