Suffrage Universel

depuis 1998, un site indépendant consacré à la participation politique des minorités ethnonationales et religieuses



[paru en juillet 1996 dans "L'année sociale 1995",

une publication de l'Institut de Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles]

Candidats et élus d'origine extracommunautaire aux élections européennes, communales, régionales et législatives de 1994 et 1995 en région bruxelloise*

Pierre-Yves LAMBERT

*cet article comporte normalement plusieurs
dizaines de notes en bas de page, elles n'ont pas
été reproduites ici pour des raisons techniques

Les mesures législatives successives prises au cours de la dernière décennie pour faciliter l'accès à la nationalité belge à certaines catégories de résidents non-belges ont accru considérablement l'électorat d'origine extracommunautaire dans l'intervalle qui séparait les élections de 1994-95 des précédentes (1988, 1989 et 1991). Lors du recensement de 1991, 3,7% des Belges étaient nés à l'étranger et un tiers des étrangers résidant en Belgique étaient nés dans ce pays, cette dernière catégorie représentant plus de 9% de la population en région bruxelloise.

 

Résultats du recensement de 1991 (Institut National de Statistiques)

 Royaume de Belgique 

 Région de Bruxelles-Capitale 

Belges nés à l'étranger

339.184

3,4%

65.760

6,9%

étrangers nés à l'étranger

588.655

5,9%

182.912

19,2%

étrangers nés en Belgique

308.354

3,1%

87.301

9,2%

B.N.E.+ E.N.E. + E.N.B.

1.226.193

12,3%

335.973

35,2%

 

En raison de l'accroissement constant des acquisitions de nationalité belge, notamment pour les étrangers nés en Belgique, et du vote probable des résidents communautaires non-belges aux élections communales de 2000, ces pourcentages donnent une idée de l'impact potentiel du vote "immigré" dans cinq ans. A Saint-Josse, petite commune du centre de Bruxelles où les non-Belges représentent 57% de la population totale, les électeurs d'origine extracommunautaire constituent à présent 16% de l'électorat total. En octobre 1994, deux conseillers communaux (belges) d'origine marocaine y ont été élus, dont un avait déjà été élu au conseil communal... consultatif des immigrés quinze ans plus tôt. Un opposant au "bradage" de la nationalité belge, l'échevin schaerbeekois de l'état-civil Bernard GUILLAUME (PRL), affirmait à la veille des élections communales que les "nouveaux Belges" électeurs étaient plus de 4.000 sur un total de 51.000 et que la récente loi sur la nationalité "bénéficie avant tout aux non-Européens d'origine". Comme le notait le journaliste, "ce constat, de sa part, n'est pas innocent..."

Pour la première fois, les partis politiques belges ont été obligés de tenir compte de cet électorat potentiel qui risquait d'échapper aux clivages politiques traditionnels et de s'autonomiser, et quasiment tous ont présenté, en 1994 ou en 1995, des candidats d'origine extracommunautaire, principalement marocaine. Suite aux dernières élections, le nombre d'élus d'origine maghrébine à Bruxelles est passé de un à seize, en Flandre de deux à dix, et de un à six en Wallonie, sans compter les trois élus d'origine albanaise, turque et africaine noire. En tout, ils sont désormais treize socialistes (neuf PS, quatre SP), onze écologistes (sept Ecolo, quatre Agalev), trois sociaux-chrétiens (deux CVP, une PSC), trois FDF et un élu sur une liste locale. Un seul exerce des responsabilités exécutives, ce qui ne s'était plus produit depuis l'expérience de Villers-le-Bouillet en 1983.

Le présent article fait partie d'une recherche en cours sur la participation politique des personnes d'origine extracommunautaire en Belgique depuis la mise en place des conseils consultatifs à la fin des années soixante, recherche dont la première étape est constituée par la collecte de données chiffrées sur les diverses élections, y compris aux conseils consultatifs, et sur l'électorat potentiel d'origine extracommunautaire.

 

Identification de l'origine des candidats et des élus

La sélection des candidats et des élus a été opérée à partir des patronymes de ceux-ci tels que les électeurs ont pu les voir sur leur bulletin de vote ou sur leur écran d'ordinateur et non sur base de leur identification objective (origine) et/ou subjective (adhésion) à tel ou tel groupe ethnique. Pour rappel, des personnes de plus en plus nombreuses portent un prénom "autochtone" et un patronyme "allochtone", ou vice-versa, résultat d'une volonté d'assimilation des parents, de mariages "mixtes", de conversions religieuses, etc. La mention des noms de candidats dans le présent document ne peut donc en aucun cas être considérée comme un quelconque fichage, mais bien comme l'indice d'une évolution sociopolitique en Belgique.

Les impératifs de la loi sur la protection de la vie privée ne permettent pas d'aller plus loin, à moins de procéder à des entretiens systématiques avec tous les candidats. De tels entretiens, informels à cette étape de la recherche (une vingtaine de candidats bruxellois, dont plusieurs ont été élus), ainsi que la lecture des tracts électoraux et des articles de presse, plus l'audition de quelques émissions radiodiffusées nous ont permis d'apporter des éléments d'information supplémentaires pour certains candidats et élus.

Il faut également signaler que, en général, les candidates mariées sont présentes soit sous le patronyme de leur mari, soit en accollant celui-ci au leur. Dans les deux cas, il peut donc y avoir doute, d'autant plus que les prénoms des candidat(e)s ne figurent pas toujours dans les publications de résultats électoraux, que ce soit dans la presse ou dans les recueils édités par le Ministère de l'Intérieur, et que le nom de jeune fille peut précéder ou suivre le patronyme du mari. Notre recherche ne concernant pas les conjoints autochtones de personnes allochtones, nous n'avons pas pris en compte ces candidates quand il était possible de les "déceler". Certaines ont néanmoins pu être incluses par erreur.

 

Présentation des tableaux de résultats électoraux

Les colonnes sont numérotées comme suit:

I. position initiale du candidat sur la liste (s. = suppléant)

II. score en voix de préférence

III. position sur la liste selon les voix de préférence uniquement entre effectifs ou entre suppléants; cette position ne correspond pas à celle retenue pour déterminer les élus et suppléants, qui prend en compte la répartition des voix qui se sont portées sur la case de tête, le "pot commun"

III.b. idem, mais par rapport à l'ensemble de la liste (effectifs et suppléants confondus)

IV. pourcentage représenté par les voix du candidat par rapport au total des voix obtenues par la liste

IVb. idem, mais par rapport au nombre de bulletins de votes préférentiels (à partir des élections de 1994 et 1995, il est possible de voter pour plus d'un candidat effectif et/ou suppléant sur la même liste aux élections provinciales, régionales et législatives, comme c'était déjà le cas aux élections communales)

V. résultats de la circonscription de Bruxelles-Hal-Vilvorde (Sénat et Européennes)

 

Sources

En-dehors des articles de presse, notamment repris dans la revue de presse (francophone et néerlandophone) du Centre bruxellois d'action interculturelle, nous avons systématiquement compulsé les recueils de résultats électoraux édités par le Ministère de l'Intérieur (Registre National) pour les élections provinciales et législatives de 1987, 1991 et 1994-1995, ainsi que le recueil édité par la Communauté flamande pour les premières élections directes au Conseil régional flamand de 1995. La décentralisation de la collecte de données ne nous a pas encore permis de consulter à Namur les résultats pour le Conseil régional wallon. Les votes de préférence au niveau communal n'étant collectés qu'au niveau de chaque province, il sera également nécessaire de se rendre physiquement dans chacune des dix provinces, sans compter Bruxelles. Pour cette dernière région, la scission de la province du Brabant a entraîné la séparation et le déménagement des archives, encore en cours au moment où cet article a été rédigé (avril 1996). Nous ne disposons par conséquent, pour les communales de 1994, que des résultats publiés dans le quotidien "Het Nieuwsblad" du 11 octobre 1994 et du 22 mai 1995 (pour Saint-Gilles). La dernière édition du "Mémento communal" a été mise à contribution pour la collecte des noms d'élus communaux en Flandre et en Wallonie.

 

1. Les candidats en Région bruxelloise

1.1. Elections communales de 1994

Lors de ces élections communales, il y a eu au moins quatre-vingt-huit candidats d'origine arabe, pour la plupart Marocains, six d'origine albanaise et deux originaires de Turquie (dont un Arménien), ainsi qu'au moins trois d'Afrique noire, trois Chinois et une Vietnamienne. Ces données ayant été en partie recueillies d'après les patronymes et/ou les prénoms des candidats, elles doivent être considérées comme indicatives.

communales de 1994 - candidats d'origine arabe

parti

communes

candidats

+ de 100 voix

élus directs

élus CPAS

PS

7

15

9

6

1

Ecolo

10

24

15

4

0

PSC

5

10

4

0

0

FDF

4

6

3

2

1

MERCI

4

15

4

0

0

PTB-PVA

4

5

0

0

0

PLU (cartel flamand)

1

3

0

0

0

IDS-SP (cf.listes flamandes)

1

1

1

0

0

Volksunie

1

2

0

0

0

petites listes

6

7

0

0

0

Total

#

88

36

12

2

 

Le Parti socialiste

 

I.

II.

III.

IV.

ROMDHANI Mahfoud (Bruxelles) élu

10

460

4

5,2%

OURIAGHLI Mohamed (Bruxelles) élu

24

417

5

4,8%

BOUARFA Sfia (Schaerbeek) élue

4

357

1

10,8%

LAGHMICHE-HARICHE Faouzia (Bruxelles) élue

35

319

6

3,6%

MOKHTARI Hassan (Forest) élu

25

307

6

6,2%

GHALI Mohamed (Ixelles)

40

224

6

4,8%

SMAHI Abdesselam (Saint-Josse) élu

25

176

3

6,4%

AKAYYAN Antoine (Bruxelles)

13

157

22

1,8%

FARGAOUI Abdel (Ixelles)

31

140

9

3%

LAHLALI Mohamed (Schaerbeek)

29

123

6

3,7%

BENABID Ali (Schaerbeek)

19

91

10

2,8%

CHAMMASSE Ghazal (Ixelles)

22

90

15

1,9%

ENNAY Mohamed (Schaerbeek)

33

65

13

2,8%

HOUIMLI M. (Woluwe-Saint-Pierre)

10

29

8

4,6%

EL KHADEM H. (Berchem-Sainte-Agathe)

22

27

12

1,7%

 

Dans cinq des sept communes où il présentait des candidats d'origine arabe, le PS était soit le partenaire mineur de coalitions communales, soit dans l'opposition. Dans les deux autres, il détenait le poste de bourgmestre ainsi que la majorité relative des sièges. Quatre élus l'ont été dans le premier type de communes, deux dans le second.

L'unique candidate en place éligible, Sfia BOUARFA, figurait en quatrième position sur la liste à Schaerbeek, commune où le PS détenait quatre sièges sur quarante-sept mais venait de subir une restructuration drastique avec passage d'élus et de membres sur une liste de centre-droit. Elle a obtenu le meilleur score sur cette liste.

Mahfoud ROMDHANI, Faouzia LAGHMICHE-HARICHE et Mohamed OURIAGHLI ont tous trois été élus dans la commune de Bruxelles, où le PS est passé de sept à neuf sièges. Ils étaient respectivement candidats en dixième, vingt-quatrième et trente-cinquième place. Bien que certains électeurs ont probablement voté pour les trois candidats, ceux-ci avaient mené des campagnes personnelles très actives, relayées par certaines associations.

Dans trois autres communes, relégués en fin de liste, Abdesselam SMAHI (Saint-Josse) et Hassane MOKHTARI (Forest), ont réussi à se faire élire grâce aux votes préférentiels alors que Mohamed GHALI (Ixelles) est resté sur la touche par le jeu des votes de liste. Monsieur SMAHI a obtenu le troisième score personnel à Saint-Josse, toutes listes confondues, et a donc dépassé six des sept échevins sortants. Il avait obtenu 25 voix de préférence lors des dernières élections au conseil consultatif des immigrés de Saint-Josse, en 1979, où il figurait en deuxième place sur la liste du Comité de Liaison des Organisations de Travailleurs Immigrés (sixième en voix sur dix-huit candidats). Aucun des vingt-sept autres candidats de 1979 ne figurait sur une liste aux élections communales de 1994.

Dans quatre communes dirigées par d'éminentes personnalités socialistes bruxelloises, soit le ministre-président régional Charles PICQUE (Saint-Gilles) l'ancien vice-premier ministre fédéral Philippe MOUREAUX (Molenbeek) et les deux prédécesseurs de ce dernier à la présidence de la fédération bruxelloise du parti, Christian D'HOOGH (Anderlecht) et François GUILLAUME (Evere), aucun candidat d'origine extracommunautaire n'avait été intégré dans les "listes du Bourgmestre" (PS-SP et indépendants). Par contre, la ministre fédérale et bourgmestre de Forest Magda DE GALAN, qui menait une telle liste dans sa commune, y avait intégré un candidat d'origine maghrébine. Notons au passage qu'en Wallonie, deux conseillers communaux d'origine arabe ont été élus sur les listes socialistes dans les communes dirigées par le président du PS, Philippe BUSQUIN (Seneffe), et l'ancien vice-premier ministre fédéral Guy COËME (Waremme).

Le PS compte par ailleurs un échevin d'origine espagnole à Forest, Diego ESCOLAR, et une conseillère d'origine roumaine à Saint-Josse, Viorica ILIESCU. Silvana PAVONE avait quant à elle été élue à Saint-Gilles en 1988 mais avait démissionné en cours de mandat. Elle n'a plus été candidate depuis lors.

Au moins huit anciens membres du PS, tous d'origine maghrébine, étaient candidats sur les listes d'Ecolo, du FDF ou de MERCI aux élections communales d'octobre 1994.

 

Ecolo

 

I.

II.

III.

IV.

BOUSELMATI Mariem (Molenbeek) élue

2

347

1

16,1%

BEN OTMANE Aziz (Ixelles) élu

5

324

2

8,2%

DOUGNA Abdellah (Saint-Gilles) élu

1

293

1

19,1%

BOCKSTAEL-ABIB Naïma (Anderlecht) élue

2

288

2

8,1%

ABDENOURI Mohamed (Bruxelles)

16

244

4

5,9%

SI M'HAMED Amidou (Anderlecht)

6

223

4

6,3%

FAKET Abdelkrim (Karim) (Bruxelles)

9

173

5

4,2%

M'HAMDI Fatima (Forest)

6

162

2

9,1%

EL ARNOUKI Mohamed (Schaerbeek) élu

23

159

5

4%

MADRANE Aziz (Anderlecht)

15

159

5

4,5%

DOUIDAR Jamal (Molenbeek)

4

149

4

6,9%

SULEJMANI Gzim (Schaerbeek)

6

141

6

3,6%

ABILAD Fatima (Saint-Gilles)

15

138

3

9%

HBILI Mina (Saint-Gilles)

12

129

4

8,4%

BEN-SAID Marie (Uccle)

21

118

5

3,4%

TALEB Samira (Schaerbeek)

30

119

9

3%

MEKROM Ahmed (Bruxelles)

29

109

11

2,6%

LAHSSAINI Fouad (Watermael-Boisfort)

4

102

4

6,2%

MOUSTAHID K. (Molenbeek)

20

73

7

3,4%

OUEZEKHTI Rachida (Molenbeek)

11

73

7

3,4%

ABDESSLAMI A. (Molenbeek)

29

61

9

2,8%

OULADHAJAMAR M. (Molenbeek)

35

55

12

2,6%

EL JAZIRI M. (Woluwe-Saint-Pierre)

17

50

15

3,8%

MANTRACH Jaouad (Saint-Josse) élu

2

36

4

7,7%

DJELESSI O. (Molenbeek)

38

29

0

1,3%

NGOMBO W. (Molenbeek)

18

27

0

1,3%

DJELESSI S. (Molenbeek)

17

19

0

0,9%

BERJAMY Jamila (Saint-Josse)

19

17

0

3,6%

 

Ecolo a présenté à ces élections des candidats d'origine extracommunautaire dans dix communes sur dix-neuf. Des recommandations avaient été émises dans ce sens par les instances régionales du parti et plusieurs candidats ont ainsi été intégrés sur des listes alors qu'il n'étaient pas membres du parti. En 1988, trois candidats d'origine arabe et un d'origine turque figuraient sur les listes Ecolo à Ganshoren (Fatma BENIMINE), Molenbeek (Ahmed ELKHANOUSS), Schaerbeek (Muammar DERINOZ) et Watermael-Boitsfort (Mohamed RAOUI).

Placés à des positions non éligibles à l'exception d'Abdellah DOUGNA (tête de liste à Saint-Gilles), Mariem BOUSELMATI et Aziz BEN OTMANE, ces candidats avaient peu de chances de se faire élire grâce à leurs voix de préférence en raison de l'importance du vote de liste parmi les électeurs écologistes.

Le quatrième élu, Jaouad MANTRACH, a obtenu un très faible score personnel et a donc bénéficié du gain d'un siège supplémentaire dans une commune où l'unique siège sortant était pourtant considéré comme incertain.

Mohamed EL ARNOUKI faisait partie des candidats non membres inclus sur la liste peu avant le délai légal. Vingt-troisième sur quarante-sept, il est remonté à la cinquième place, soufflant le siège d'un élu Agalev sortant. Suite à la démission de deux élus, un suppléant d'origine albanaise, Gzim SULEJMANI, a fait son entrée au conseil communal en septembre 1995.

Dans d'autres communes (Anderlecht, Forest et Saint-Gilles), trois candidats d'origine maghrébine auraient pu être élus grâce à leurs scores personnels, mais l'ordre préétabli l'a emporté grâce au vote de liste.

Parmi les autres élus communaux d'Ecolo, on compte notamment Fabrizio ALTES SAFONT, d'origine catalane, et Rosanna MADABENI, d'origine italienne, qui siégeaient déjà depuis 1988 et qui ont tous deux fait partie du secrétariat régional du parti, instance décisionnelle la plus élevée au niveau régional, de même que Christos DOULKERIDIS, candidat anderlechtois non élu.

Un des deux candidats d'origine marocaine présentés par Ecolo à la Chambre en 1991 figurait sur la liste MERCI à Bruxelles-Ville. Trois candidats Ecolo d'origine maghrébine aux communales saint-gilloises de 1994, dont l'ex-conseiller communal Abdellah DOUGNA, se sont présentés sur les listes de Gauches Unies (soutenues par le Parti communiste et le Parti ouvrier socialiste, trotskiste) en mai 1995. Deux conseillers suppléants (un communal et un CPAS) ont quant à eux rejoint le PS en 1995, sans pour autant se porter candidat sur une liste de ce parti.

 

Front démocratique des francophones

 

I.

II.

III.

IV.

ZEGUENDI Khalil (Schaerbeek) élu

7

206

5

3,8%

MOUSSA Mohamed (Bruxelles)

10

179

9

3,2%

AKOUZ Mustapha (Anderlecht)

6

109

7

2,3%

MGHARI Abdellatif (Koekelberg) élu

10

98

4

6,3%

ZAROUALI Mohamed (Schaerbeek)

40

96

7

1,8%

NOURY Mohamed (Schaerbeek)

36

73

13

1,4%

BENOMAR A. (Evere)

28

24

0

1,1%

YI NGHI Hong (Saint-Gilles)

11

21

0

0,8%

YI NGHI Xeng (Saint-Gilles)

34

21

0

0,8%

YI NGHI Eng (Saint-Gilles)

22

16

0

1,4%

 

Au début des années septante, le FDF, au pouvoir dans plusieurs communes bruxelloises, a été à l'origine de la mise en place de plusieurs conseils communaux consultatifs des immigrés (CCCI). Deux au moins des candidats de ce parti en 1994, Khalil ZEGUENDI et Mohamed NOURY BEN SALAH, siégeaient dans ces conseils quinze ans plus tôt, à Saint-Josse et Schaerbeek.

Aux communales de 1976, le journaliste du Soir Abed ATTAR, d'origine libanaise, a été élu conseiller communal suppléant à Bruxelles-Ville sur les listes du FDF, malgré son très faible score. Candidat six ans plus tard, il figurait en fin de liste et n'a donc plus bénéficié du vote de liste. Notons qu'une des figures importantes du parti à l'époque était l'avocat Basile RISOPOULOS, ancien dirigeant du parti libéral. En 1994, il est devenu échevin à Ixelles et sa fille a été élue au conseil communal de Woluwe-Saint-Pierre. Ils sont apparemment les seuls élus d'origine grecque (bien que tous deux nés en Belgique) en Belgique.

En 1994, Khalil ZEGUENDI (Schaerbeek) et Abdellatif MGHARI (Koekelberg) ont été élus dans des communes où ce parti campait dans une opposition résolue à des majorités dominées par le Parti réformateur libéral, avec lequel il présentait pourtant des listes de cartel dans d'autres communes. Monsieur ZEGUENDI, transfuge du PS, avait été mis en dernière place éligible ou première non éligible, alors que Monsieur MGHARI figurait en dixième position sur vingt-cinq, son parti ne comptant que trois élus sortants. Il a donc bénéficié, à la surprise générale, d'un très bon score personnel et du gain de deux sièges supplémentaires pour la liste.

A Schaerbeek, un deuxième candidat, Mohamed ZAROUALI, a manqué l'élection à très peu de voix près, pénalisé par le vote de liste. Un ancien membre du PSC, Mohamed NOURY BEN SALAH, était également candidat sur la liste FDF dans cette commune.

Elu conseiller suppléant à Anderlecht, Mustapha AKOUZ a été coopté au conseil de l'aide sociale (CPAS) début 1995. Ce jeune assistant social avait été candidat FDF-PPW à Mons aux législatives et aux provinciales de 1991.

Le FDF compte également un élu ixellois d'origine portugaise, Victor NEIRO-CABALLEIRO.

 

Le Parti social-chrétien

 

I.

II.

III.

IV.

FALJAOUI Abdesselam (BSC-CVB, Bruxelles)

25

171

26

1,3%

RAJOUM Mohamed (PSC, Anderlecht)

10

154

8

4,6%

TSHIDIMBA Frédéric (PSC, Ixelles)

13

151

6

6,5%

EL FACHTALI Mohamed (PSC, Schaerbeek)

11

121

10

3,8%

LAHOUARI M. (PSC, Molenbeek)

7

105

3

7,5%

DURAKU Durak (PSC, Schaerbeek)

10

92

14

2,9%

CHAU LUONG Thi Bao (PSC, Ixelles)

32

84

0

3,6%

BELARABI Mohamed (PSC, Ixelles)

11

77

0

3,3%

BENABDELLAH N. (PSC, Molenbeek)

13

67

5

4,8%

ATCHEBA Mouloud (PSC, Saint-Gilles)

6

60

6

6,4%

OURIAGHLI Mustapha (PSC, Schaerbeek)

35

60

0

1,9%

BAKRIM Abdeslam (PSC, Saint-Gilles)

11

53

10

5,7%

TSHIDIMBA Jean-François (PSC, Schaerbeek)

25

59

0

1,9%

EL MAHI H. (PSC, Molenbeek)

35

24

0

1,7%

 

En 1994, les quatorze candidats PSC d'origine extracommunautaire (dont dix d'origine arabe) l'étaient soit dans des communes (Anderlecht, Ixelles, Molenbeek, Saint-Gilles et Schaerbeek) où ce parti, même associé au CVP, est très faible, soit à Bruxelles-Ville, où les candidats qui le précédaient ont obtenu des scores personnels considérables. Dans les deux cas, ils n'avaient aucune chance d'être élus, même grâce aux votes préférentiels, compte tenu du nombre de sièges espérés et du vote de liste. Durak DURAKU, candidat d'origine albanaise à Schaerbeek, était déjà candidat aux provinciales de 1991.

 

Le Mouvement européen pour la reconnaissance des citoyens, en ce compris ceux issus de l'immigration

Bruxelles-Ville

338 voix

0,6%

Etterbeek

130 voix

0,7%

Molenbeek

220 voix

0,8%

Schaerbeek

137 voix

0,3%

 

MERCI participait aux élections "afin que figurent, parmi les élus, des élus issus de l'immigration". Ses listes ont obtenu de faibles scores. Sans l'annonce de la présentation de telles listes, en avril et en juillet 1993, les partis traditionnels n'auraient probablement pas recherché aussi activement des candidats d'origine extracommunautaire: la crainte de perdre ce nouvel électorat a beaucoup joué. La "coloration" des listes traditionnelles et le manque d'organisation de MERCI ont abouti à la présentation de listes incomplètes, et même d'une liste à un seul candidat à Schaerbeek, dans seulement quatre communes sur les dix prévues initialement. Les préaccords de cartels avec le FDF à Etterbeek et avec IDS et le SP à Schaerbeek ont été rompus quelques semaines avant les élections. Des rencontres avaient également eu lieu avec Ecolo, à Bruxelles-Ville et Molenbeek notamment, sans résultat. Il semblerait que la section PS de Bruxelles-Ville n'a pas exclu ses membres qui s'étaient portés candidats sur la liste de MERCI.

 

Le Parti Réformateur libéral

A plusieurs reprises, des candidats de ce parti ont fustigé le "bradage" de la nationalité belge et ont proclamé leur refus d'intégrer sur leurs listes des candidats "nouveaux belges", selon l'appellation qu'ils affectionnent. Ils comptaient pourtant quelques membre d'origine maghrébine ou turque dont un, Mohamed CHATER, s'est présenté sous l'étiquette "MERCI" à Schaerbeek.

 

Le Front National

A Saint-Gilles, commune où la population d'origine espagnole et italienne est importante, les deux seuls élus de cette origine en 1994 l'ont été sur la liste du Front National. A Anderlecht, une élue FN d'origine polonaise, Béatrice PLONEK-PIWOWARCZYK, a quitté ce parti peu de temps après les élections suite aux révélations concernant la participation d'un de ses collègues à un "happening" néo-nazi dans un cimetière juif en Allemagne.

 

Le Parti du Travail de Belgique

Les scores dérisoires du PTB et de ses candidats d'origine arabe n'ont pas été à la hauteur de ses espérances. Ce parti a en effet mis sur pied, après l'envolée électorale du Vlaams Blok aux législatives de 1991, le mouvement Objectif 479.917 qui revendique l'attribution automatique de la nationalité belge après cinq ans de résidence. Il avait également pris des positions pro-irakiennes avant et pendant la guerre du Golfe, s'attirant la sympathie des militants panarabes en Belgique. Sa ligne politique communiste stalinienne et son caractère marginal sur l'échiquier politique belge semblent avoir dissuadé son électorat potentiel.

 

Les listes flamandes

LITA Zenel (IDS-SP, Schaerbeek)

30

135

13

6%

REBAHI Myriam (IDS-SP, Schaerbeek)

29

118

16

5,3%

SPATA Fasli (IDS-SP, Schaerbeek)

32

80

0

3,6%

PAGARUSHA Fitim (CVP-VLD, Bruxelles)

35

70

0

2,3%

GABBAS Mhamed (VU, Bruxelles)

14

36

0

2,3%

CAMOGLU Müsseref (VU, Bruxelles)

12

35

0

2,2%

AZMANI MATAR Zohra (PLU, Saint-Josse)

7

30

6

9,2%

MELLOUL Fouad (VU, Bruxelles)

39

27

0

1,7%

BGHIEL Souljeman (PLU, Saint-Josse)

11

18

0

5,5%

NIJAR Mohamed (PLU, Saint-Josse)

24

17

0

5,2%

 

L'intégration de candidats d'origine extracommunautaire sur des listes flamandes a abouti à un échec en termes de voix de préférence, ces listes ne pouvant d'ailleurs espérer qu'un ou deux sièges en général. Zeinel LITA et Fasli SPATA, d'origine albanaise, et la politologue Myriam REBAHI, qui figuraient sur une liste schaerbeekoise "mixte" de libéraux de gauche francophones (IDS) alliés au SP ont par contre réalisé de très bons scores, deux d'entre eux dépassant même plus de dix de leurs prédécesseurs sur la liste avec plus de cent voix, mais ce cartel n'a obtenu que deux sièges. Madame REBAHI avait déjà été candidate SP aux élections provinciales de 1991.

 

1.2. Nouvelles élections communales saint-gilloises de mai 1995

Election du 9 octobre 1994

I.

II.

III.

IV.

DOUGNA Abdellah (Ecolo) élu

1

293

1

19,1%

ABILAD Fatima (Ecolo)

15

138

3

9%

HBILI Mina (Ecolo)

12

129

4

8,4%

ATCHEBA Mouloud (PSC)

6

60

6

6,4%

BAKRIM Abdeslam (PSC)

11

53

10

5,7%

YI NGHI Hong (FDF)

11

21

0

0,8%

YI NGHI Xeng (FDF)

34

21

0

0,8%

YI NGHI Eng (FDF)

22

16

0

1,4%

 

Election du 21 mai 1995

I.

II.

III.

IV.

BAKRIM Abdeslam (PSC)

5.

141

2.

15,6%

ATCHEBA Mouloud (PSC)

6.

68

5.

7,5%

DOUGNA Abdellah (G.U.)

1.

61

1.

20,7%

TEKER Leila (Ecolo)

16.

49

3.

3,9%

ABILAD Fatima (G.U.)

4.

35

2.

11,9%

GHAZOUI Lachmi (G.U.)

9.

17

6.

5,8%

ALLOUTHI Fatima-Zohra (G.U.)

16.

15

7.

5,1%

HBILI Mina (G.U.)

8.

14

9.

4,7%

SEMAFARA UMIWANA Vicky (PTB-UA)

3.

11

3.

10,9%

SARIKAYA Selvet (G.U.)

10.

10

12.

3,4%

CAN Nazife (G.U.)

12.

7

 

2,4%

PAMUKCU Vedat Sina (G.U.)

13.

5

 

1,7%

 

C'est notamment à l'initiative de la tête de liste PSC, l'avocat architecte Francis MARLIERE, qu'un recours a été introduit, avant les élections de 1994, contre la participation de la liste du Front National pour faux et usage de faux. Cette demande a été rejetée par le juge de paix et le FN a obtenu trois sièges au conseil communal,dont un élu d'origine italienne et un d'origine espagnole. Le Conseil d'Etat a finalement annulé ces élections début avril 1995, sans pour autant interdire la représentation de la liste FN ni des candidats de 1994. Le FN a perdu un de ses trois sièges entre octobre et mai, suite notamment à la présentation d'une liste d'extrême-droite dissidente.

Les résultats des nouvelles élections communales organisées à Saint-Gilles le 21 mai 1995 ont plutôt conforté l'hypothèse de la non-adéquation entre électorat et candidats de même origine ethnique, au vu des résultats de la liste Gauches unies (295 voix, 2,1%, pas d'élu) qui comptait pas moins de huit candidats d'origine maghrébine ou turque sur dix-huit et dont la tête était Abdellah DOUGNA, conseiller communal sortant d'Ecolo. Ce dernier avait obtenu 293 voix de préférence en octobre; il est descendu à 61 en mai, et la liste G.U. a atteint, au total, 295 voix, ne décrochant aucun élu. La liste Ecolo a, quant à elle, perdu... 290 voix entre octobre et mai tout en maintenant ses trois sièges. En mai, elle ne comptait plus qu'une seule candidate d'origine extracommunautaire, Leila TEKER, candidate Agalev d'origine turque. La coïncidence des chiffres paraît frappante: environ 290 électeurs d'octobre auraient suivi leur candidat en mai, préférant cette fois pour la plupart accorder leurs suffrages à la liste plutôt qu'à la personne. Il faut néanmoins rappeler qu'en octobre Abdellah DOUGNA était soutenu, au titre de l'antiracisme, par les militants de G.U., qui ne présentait pas de liste à l'époque.

La liste du bourgmestre Charles PICQUE ne comportait aucun candidat d'origine extracommunautaire, en octobre comme en mai. La candidature d'Alain LEDUC, conseiller régional et directeur de la Mission Locale, avait néanmoins été soutenue par des travailleurs sociaux d'origine maghrébine, dont certains travaillaient soit pour ladite Mission Locale soit pour la commune de Saint-Gilles, ce que ne manquèrent pas de souligner ses détracteurs. Avec 382 voix, il était passé de la septième place à la troisième, dépassant largement tous les échevins sortants, et il était lui-même entré au collège échevinal avec le portefeuille des sports, de l'intégration et de l'emploi. Anne VANESSE et Jacqueline SZYFFER, toutes deux conseillères sortantes, avaient enfreint les consignes de vote des dirigeants du PS local en votant contre la prorogation de la loi Gol au conseil communal. Elles ont toutes deux été réélues en dépassant et/ou éliminant plusieurs candidat(e)s qui les précédaient sur la liste, en octobre comme en mai, où elles ont été rejointes par leur consoeur rebelle "antigoliste" Christiane STEVENS, directrice du centre culturel communal.

L'excellent score d'Abdeslam BAKRIM aux nouvelles élections communales organisées dans cette commune mérite d'être souligné. Né en 1962 à Casablanca, arrivé en Belgique en 1965 il a passé toute son enfance et son adolescence à Schaerbeek où il a été très actif au sein du mouvement associatif. Malgré des propositions émanant d'un échevin PRL, il a adhéré au PSC quelques mois avant les communales de 1994, devenant en peu de temps vice-président du parti et président des jeunes PSC au niveau local. Onzième sur la liste en octobre, il avait obtenu 53 voix sans faire campagne. Cette fois-ci, figurant en cinquième position, il avait apposé un certain nombre d'affiches tant sur les panneaux électoraux que sur les vitrines de commerçants et il avait réalisé plusieurs mailings ciblés, notamment de concert avec Joëlle MILQUET, candidate au Sénat. Sa campagne lui a assuré en fin de compte 141 voix, le deuxième score sur une liste qui a par ailleurs perdu globalement 32 voix et un de ses deux sièges. Il a refusé de figurer sur la liste PSC aux régionales, s'estimant trop peu expérimenté tant sur le plan technique que politique.

 

1.3. élections provinciales de 1987 et 1991

13 décembre 1987

I.

II.

III.

IV.

 

BRAHIM (Mme)(PCB-KPB, Schaerbeek)

3.

30

3

3,7%

 

24 novembre 1991

I.

II.

III.

IV.

IVb.

BEN OTMANE Aziz (Ecolo, Ixelles)

1.

1.125

1/7

11,2%

36,1%

DURAKU Durak (PSC, Schaerbeek)

6.

163

3/6

3,8%

8,1%

EL BELGHITI (PTB-PVA, Schaerbeek)

5.

51

1/6

16,3%

41,1%

REBAHI Myriam (SP, Bruxelles)

5.

63

3/6

4,7%

13,3%

 

Suite à la réforme de l'état, la Région de Bruxelles-capitale ne fait plus partie d'une province et a été dotée d'une instance spécifique cooptée par les conseillers régionaux, le "collège juridictionnel".

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